Gloire à MOI

Publié le par Laurent Kiefer

montage : Julien Meunier
montage : Julien Meunier

Elle est donc de retour ! Qui ? Amélie Nothomb dans la rentrée littépépère ? Christine Angot et sa vie sexuelle de people ? Marine Le Pen et son vide intersidéral ? Martine Aubry dans son rôle de vieux pitbull fatigué ? Christine Lagarde de ses vacances chez les peuplades pauvres ? Françoise Hardy et son come-back bio ? NON !

C’est la chronique du 27 !

(On notera l’usage du point d’exclamation. Marque événementielle s’il en est.)

Pour les trépanés de naissance, la chronique du 27, c’est le rendez-vous incontournable de la méchanceté gratuite, de la bêtise ordinaire, de la misogynie décomplexée, la feuille qui fait avancer l’humanité dans le bon sens (celui de mon nombril), la page qui change ta vie une fois par mois (parce que je ne vais pas me fouler, non plus), lecteur inférieur. La pensée en mouvement d’un quarantenaire qui enfle, et pas seulement des chevilles. La bribe philosophique indispensable qui éclaire la France du Sens, comme Voltaire au temps de Candide. La réflexion scientifique qui ravale la théorie quantique au rang d’hypothèse paléolithique. La révélation spirituelle de qualité fin-de-siècle, gracieusement dispensée à l’aube d’un vingt-et-unième qui pue déjà la mort alors qu’il n’a pas encore atteint l’âge adulte et où tu te sens égarée, brebis de la comprenette.

(On notera l’usage de termes tels que : incontournable, indispensable. Termes qui prouvent le caractère de cette chronique par leur seul usage. CQFD.)

La chronique du 27, c’est l’avènement du Verbe inutile, vide de message, mais boursoufflé de lui-même, témoin de l’inanité ambiante ; la chronique du 27 ne sert à rien, sinon à signifier ma supériorité intellectuelle. D’ailleurs je n’y parle de rien, c’est-à-dire de moi.

Je sais que cette page fera beaucoup d’envieux. Surtout chez les gens de mon âge, dont les vies de confort et de consommation sont finalement dénuées de but – et qui n’ont PAS de chronique du 27. Mais également chez les plus jeunes, qui trouveront odieux qu’un vieillard tel que moi jouisse d’une si grande notoriété numérique. Quant aux grabataires qui me lisent par milliers, mais d’un seul œil, derrière leur cataracte purulente, ils s’étonneront qu’un cadet se montre si brillant, eux qui pensaient détenir entre leurs mains la vérité implacable de l’élégance littéraire.

A tous ceux-là qui croupissent et grouillent dans l’admiration, mais les uns dans les autres également pour les plus avertis, je tiens à faire entendre ma parole : Si tu es jaloux, écris toi aussi ta chronique. Si tu sais écrire, bien sûr. Mais tu es prié de trouver un autre jour. Le 27, c’est comme ça, c’est déjà pris.

[On m’en fait souvent la réflexion, je ne crois pas assez en moi, je suis même sommé de recouvrer un peu d’estime de moi-même. Dont acte. Maintenant, les docteurs es-célébrité (des autres) peuvent changer de victime, c’est fait.]

Publié dans Chroniques du 27

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